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La chorale de la création de richesse

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Je veux bien que les gens d’affaires montrent qu’ils sont inquiets, même si ça me semble plus un effet de toge qu’autre chose. Je veux bien qu’ils jouent la carte du « si on hausse nos impôts, on s’en va! ».

C’est normal, c’est le lobbyisme qui veut ça, et ils jouent leurs cartes, et le joker est la carte de la peur, donc celle du chantage émotif : nos gens d’affaires sont des chanteurs (enfin, certains). D’autres ont écrit qu’ils pleurent comme des madeleines. Ça revient au même. D’ailleurs, c’est un peu comme un album récent de Sylvain Cossette, paraîtrait qu’ils ont fait le même coup, entre autres, lorsque le PQ a pris le pouvoir avec René Lévesque pour la première fois en 1976…

Même si leur voix est pas mal enrouée après un règne libéral de neuf ans qui a donné la vie facile à leurs cordes vocales, ils chantent en choeur que nous sommes, autant que nous sommes, interchangeables. Ils chantent que ça n’a pas d’importance, que les affaires sont les affaires et qu’ils peuvent aussi bien se faire servir leur café par un travailleur ontarien, états-unien ou européen. Cependant, à rebours, si après toutes ces neuf années de baisses d’impôts pour les entreprises et les plus nantis le Québec était le champion de l’économie canadienne, j’aurais sûrement pas mal moins le goût de mettre des bouchons en entendant leur ritournelle.

Justement, la porte-parole de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) Françoise Bertrand, lors de son point de presse, ne cessait de répéter le refrain de la création de richesse, sans l’expliquer, comme si c’était la clé de notre incompréhension. Pourtant, je me demande toujours quel est le lien entre la création de richesse et le point central de leurs récriminations, soit la hausse des impôts des plus riches. Je me demande en quoi un hyper riche payant quelques milliers de dollars de plus en impôts va avoir plus d’impact sur la création de richesse que ces quelques milliers de dollars répartis dans les poches de ceux qui l’auront économisé grâce à l’abolition de cette foutue régressive taxe santé. (D’ailleurs, à ce sujet, je crois que le PQ devrait transformer tout cela — avec ou sans l’ajout de paliers d’imposition — en augmentation générale d’impôts, question de mettre un point final à ce concert…) Quoi qu’il en soit, il me semble qu’il y a au moins plus de chance qu’avec la classe moyenne cet argent retourne se balader dans l’économie réelle.

Si on parlait de hausser les impôts des entreprises, ça serait une autre histoire. Mais ce n’est pas le cas. On parle de l’argent personnel de citoyens. Il y a une séparation fiscale claire entre les entreprises et leurs riches dirigeants. Qui ne sait pas ça? Ça donne l’impression que Françoise Bertrand tente de nous induire en erreur.

Je ne m’improviserai pas grand économiste ici, mais il me semble que d’induire que le concept de la création de richesse appartient seulement aux mieux nantis et aux entreprises est une imposture. C’est ce qu’on entend : ne nous touchez pas, la création de richesse passe par nous! Mais il faut être deux pour jouer, pour faire une harmonie, question de rester dans la symbolique du chant. Tout est question d’équilibre et il faut bien aussi des travailleurs, même ceux les moins bien payés, pour assurer le succès d’une entreprise. Un chef de choeur ne fait pas une chorale, seulement un spectacle de baguette dans le vide… Mais j’admets que les entreprises et les entrepreneurs ont un rôle très important à jouer, sinon le plus important, et mon but ici n’est pas de le nier, au contraire.

Je pensais pouvoir comprendre un peu plus ce qu’est la création de richesse en écoutant la réaction de Michel Leblanc de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, mais je suis resté sur ma faim. Il met tout dans le même panier, la rétroactivité de la hausse d’impôts aux mieux nantis, les dividendes et les gains en capitaux, l’impôt des entreprises et accroche dessus les mots « création de richesse ». Il démontre tout à fait ce que je m’égosille à soulever depuis le début de ce billet : il est plus question d’un spectacle que d’arguments raisonnés.

Notre société est comme elle est, même le Parti libéral n’a pas vraiment réussi à réduire l’appétit fiscal de la bête, parce qu’il faut bien les payer nos services, la Santé, l’éducation, etc. Et là, dans ce contexte, il faudrait que le Parti québécois fasse plus vite et mieux pour ne pas ponctionner quelques pourcentages de plus aux mieux nantis pour laisser souffler un peu la classe moyenne? Et je répète, si ce milliard enlevé de leurs poches est une partie de la solution pour créer de la richesse, pourquoi cette piètre performance par les années passées puisqu’ils l’avaient plus ou moins en leur possession?

La chorale de la création de richesse a encore besoin de beaucoup de pratique.

 

(Photo : phummers)


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